- Nous allons maintenant parler d'un personnage qui aurait pu créer une certaine unité tchadienne. Ce personnage avait pour nom Rabah (celui qui gagne), né en1845, il allait se tailler un immense empire. - C'était un aventurier musulman, ancien esclave, puis chef d'une bande de pillards. Il avait réorganisé la force militaire de son ancien maître, (Zober-Pacha), après la déroute de celui-ci au Soudan, chassé par les anglais. Il apparut vers les années 1880, au sud-est du Ouaddaï, avec 5000 hommes, 3000 armes à feu, une cinquantaine de petites pièces d'artillerie et un millier de chevaux. - En 1886, Rabah et ses soldats, les Bazingués, entrèrent en pays Sara où ils reçurent un bon accueil d'une partie de la population, les Kalbas, mais se heurtèrent aux Dayes et aux Goulayes chez qui ils razziaient des esclaves. En 1890, revenant sur ses pas, il entra dans la province du Dar-Kouti, tributaire du Ouaddaï. Il y installa un de ses partisans, Mohammed Al Senoussi, que les troupes ouaddaiènnes ne parvinrent pas à chasser. En janvier 1891, un explorateur français, Crampel, traversant le Dar-Kouti, y fut massacré. Puis, à partir de 1893, Rabah étendit son empire sur une partie du Baguirmi puis sur le Bornou. Il envisageait la conquête totale du Baguirmi et du Ouaddaï quand l'arrivée des français bouleversa ses plans. La rapidité de ses conquêtes ne l'empêcha pas d'organiser les territoires qu'il contrôlait. Se faisant appeler Émir des croyants, il faisait régner une discipline de fer. Impôts, tributs et esclaves alimentaient le trésor public lui permettant d'acheter en Égypte des fusils. Rabah aurait pu créer un immense empire et on aurait alors pu parler d'une certaine unité tchadienne, qui n'aurait, certes, pas eu pour territoire les limites actuelles du Tchad, mais qui aurait eu le mérite d'exister. Maurice Adoum, administrateur au Tchad en 1959, dit de lui: " Ce fut un grand homme qui ne différait en rien d'un César ou d'un Napoléon". |
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