Parc de la Poudrerie

 


Ne fonctionne qu'avec Internet Explorer.

La Poudrerie a déjà plus de trois siècles. Haut lieu du patrimoine industriel, ce site a réussi la performance de se muer en un espace naturel exceptionnel. Entre guerre et paix, passé et avenir, retour sur les lieux.

La Poudrerie, histoire et métamorphose.

Le parc est ouvert au le mercredis de 14h00 à 17h00 (18h00 d'avril à octobre), et les 1ers et 3èmes
dimanches de chaque mois de 10h00 à 17h00 (18h00 d'avril à octobre).
Heures d'ouverture susceptibles de modification.

L'accès aux espaces naturels est réglementé : 04 42 34 20 60
Pour tout savoir : horaires et situation météorologique.

Pour votre plaisir et votre sécurité, respectez la réglementation :
ni feu, ni fumée,
Cueillette, bivouac et véhicules interdits,
chiens tenus en laisse.

Collection Jacques Lemaire.
Photo du docteur Sanguin (Photographies de Joseph Sanguin 1860/1903).
(Amis du Vieux Saint-Chamas, édition de février 1995).


"La poudrerie !". A entendre ce nom, on imagine volontiers une anse cachée, une sorte de repaire de pirates. 
Bien sûr les gens savent bien qu'en deçà de la R10 s'étendait une zone d'activité, des ateliers où, génération après génération, des gars du pays sont allés prendre leur poste de travail. Ils savent aussi que depuis 1974 le site est fermé. La Poudrerie  serait-elle alors une banale friche industrielle parmi tant d'autres ? Pour se convaincre du contraire il suffit de se rendre au Vieux Miramas.
De ce promontoire, on découvre un panorama unique, un site sauvage où la nature a repris tous ses droits. Là, en bas, il y a tout juste quelques dizaines d'années, se dressaient encore près de 250 bâtiments, des ponts à arcades, de longues cheminées, serpentaient 9 kilomètres de voie ferrées, couraient deux kilomètres de canaux ! On a peine à le croire, et pourtant...

Sa Majesté fait construire.
Tout à commencé il y a bien longtemps, sous le règne du Roi Soleil. Depuis 1670 au moulin de l'Abba les eaux réunies du canal de Craponne et de la Touloubre sont dérivées pour actionner sur Saint-Chamas les roues de divers moulins à blé. Vingt ans plus tard, en 1690, par un acte daté du 20 mars, la surverse des eaux de ce canal des Moulins est vendue au Roi Louis XIV <<pour s'en servir au travail du martinet que Sa Majesté fait construire>>. Car pas d'eau, pas de poudre. Les martinets, énormes marteau-pilon, ne fonctionnent que grâce à la force hydraulique. Les armées du Roi, font une grande consommation de poudre noire. Ce mélange de charbon de bois, de souffre et de salpêtre, par réaction chimique sert à pousser le projectile <<hors de l'âme du canon>>, comme on disait à l'époque. L'usage voulait que jusque là on fabrique la poudre dans le pays d'Aubagne, le long de l'Huveaune. Mais les eaux de cette rivière, peu abondantes, provoquaient des sautes dans la production de poudre et surtout étaient une cause permanente de grogne des paysans ; l'eau devant servir, de leur point de vue, à l'arrosage des cultures. C'est pour sortir de cet affrontement que l'on décida de transférer l'activité en un autre lieu. Saint-Chamas fut choisi pour l'eau en continu, l'étang, les conditions de transport plus faciles, l'emplacement à l'écart..., et ainsi la poudrerie vit le jour.
Les travaux continuent.
Le simple atelier des débuts grandit vite. Déjà en 1810, la Poudrerie comprend 8 usines à 10 pilons chacune et sa superficie est d'environ 2,5 ha. En 1825 la Poudrerie achète la totalité du moulin à blé de Saint-Chamas et tous les droits sur les eaux, elle occupe alors 6 ha. Encore à l'étroit, les ingénieurs entreprennent la construction de la première digue de retenue en vue d'obtenir des colmatages pour gagner en surface sur l'Etang de Berre. En 1853, la superficie est de 15 ha. Dès 1860 on construit une deuxième digue de retenue, à 80 mètres en avant de la première, puis une troisième en 1882, encore une quatrième en 1886. Emprise sur l'étang, avancée toujours croissante sur la commune de Miramas, cession par la Marine de lots lui appartenant. En 1918 la superficie totale atteint les 110 ha.
La Poudrerie est reliée par voies ferrées au port de Saint-Chamas et à la gare de Miramas.
L'électricité, une des premières en France, y est installée des 1881.
Expansion constante. La raison ? La guerre bien entendu et son appétit de poudre : conflits européens et conquêtes coloniales, munitions détruites par la défaite de 1870 et qu'il faut reconstituer, et puis vient la guerre de 1914-18, elle aussi grande dévoreuse de poudre.
 

Comme à Toulouse.
C'est son rôle et sa fonction, la Poudrerie alimente les mines, la chasse et la fureur des hommes, jusqu'au jour... Un lundi 16 novembre 1936. Depuis longtemps déjà (1855) la Poudrerie s'est spécialisée dans la fabrication d'explosifs.
Les bâtiments ont leur spécialité, comme le n°104 affecté à la fabrication d'un puissant explosif, la tolite, vulgairement appelée " poudre jaune ". Ce bâtiment est situé au fond du parc, à près de 3 kilomètres de la porte d'entrée.
Il est un peu moins de 16h30. Soudain on y entend une légère détonation à laquelle succède un début d'incendie, l'alerte est générale, les sirènes appellent à la rescousse, le personnel en très grand nombre, près de 400 personnes, se rassemble autour du foyer d'incendie pour tenter de le circonscrire. Un quart d'heure plus tard, il est exactement 16h42, c'est l'apocalypse. Une explosion d'une violence inouïe brise toutes les vitres à 30 kilomètres à la ronde, jusque sur la Canebière à Marseille, des hommes sont soulevés de terre, projetés à des dizaines de mètres, ensevelis sous des amas de pierres et de boue, des arbres arrachés, des débris volent de partout, des cris, des hurlements, un ciel de fumée noire. Du bâtiment 104 il ne reste plus qu'un vaste cratère de 30 mètres de diamètre, profond de près de 4 mètres qui va très vite se remplir d'eau.
Cette image on vient tous de la voir, à la télé, suite à l'explosion de l'usine AZF de Toulouse. Ce jour de novembre 1936 à la Poudrerie on a dénombré 53 morts et près de 150 blessés. Douleur, émotion, secours, soutiens et obsèques nationales n'ont pas comme à Toulouse aujourd'hui, empêché les polémiques sur la conception du bâtiment, le fait d'entreposer résidus et produits finis au même endroit, le manque de matériel de secours, la conduite à tenir en cas d'accident. Malheureusement encore, le 4 avril 1940, une nouvelle catastrophe fit encore 11 victimes.
Après, durant la 2 ème guerre mondiale, les allemands occupent le site pour y faire fabriquer des explosifs nitratés. A la libération, l'État reprend le contrôle du site qui, par chance, n'a pas été détruit.
Lentement la Poudrerie baissera sa productivité pour fermer définitivement en 1974. Jusqu'à la fin des années 80, l'arsenal de Toulon y gardera quelques ateliers pour y fabriquer des torpilles.
Photos prisent après les explosions.

La métamorphose.
Trois siècles se sont écoulés. Les 135 ha de la Poudrerie d'aujourd'hui entament une nouvelle vie. Depuis 2001, le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres est devenu propriétaire du lieu et en laisse la gestion aux communes de Miramas et Saint-Chamas par l'intermédiaire du Syndicat Intercommunal de gestion de l'ancienne Poudrerie (SIANPOU) qui réunit les trois entités.
L'attention du conservatoire du littoral n'a pas été attirée par hasard. Le site abrite actuellement une faune et une flore exceptionnelle qu'il est nécessaire de protéger. En l'espace de 30 ans, ce site industriel s'est mué en véritable réserve naturelle.
On peut véritablement parler de métamorphose. Mais est-elle due, comme on voudrait le croire, à la seule force de la nature ?
Les premières cartes postales montrent encore un territoire plat, sans végétation, voué aux cultures vivrières à côté des zones marécageuses. Les premiers rideaux d'arbres ont été plantés pour atténuer d'éventuels effets de souffle. La Poudrerie, zone militaire, était aussi un lieu de résidence, en particulier pour le directeur qui y vivait comme dans un domaine, avec grand jardin à la française et un superbe jardin dit de style japonais avec passerelle en son milieu. Un jardin que l'on a composé suivant la mode du moment, en ramenant des colonies près de 50 espèces exotiques, troène de Chine, bambou, magnolia, le plaqueminier de Virginie, l'arbre aux quarante écus plus connu sous le nom de Ginko Biloba, le séquoia... Des espèces qui dans ce microclimat, les pieds dans l'eau et la tête au soleil, ont trouvé une véritable terre d'élection. Entretenues puis abandonnées, elles n'ont cessé de proliférer. Les cyprès chauves en sont la plus parfaite illustration.
Ces arbres importés de Louisiane et habitués aux marais sont avec les mélèzes les seuls résineux à perdre leurs aiguilles.
Par endroit ils s'élancent, immenses, par dizaines, les troncs dans l'eau tout en développant dans ce milieu humide des pneumatophores, sorte de stalagmites qui leur servent à récupérer l'oxygène pour empêcher leurs racines de mourir noyées.
L'autre rivage de l'Etang de Berre.
Au pied des falaises de saffre, tout près de cette forêt exotique, unique en Provence, s'est développée aussi une autre rareté pour notre région, une forêt humide composée d'aulnes glutineux, de frênes, d'érables champêtres, de sycomores, d'ormes avec une variété de sous-bois impressionnants. Au-delà des tamaris qui marquent la limite entre l'eau douce et l'eau salée s'étale la roselière, l'iris de marais, le cresson et les orchidées. Pour retrouver le milieu méditerranéen il suffit de gagner les parties hautes de la Poudrerie. Un étagement d'écosystèmes unique qui a été aussi rendu possible par le démantèlement de la plupart des bâtiments par l'Armée, puis par une longue et importante campagne de décontamination, dépollution des terrains, des fonds vaseux, travaux qui ont duré jusqu'en 1990. Le fait que le site soit resté longtemps inaccessible a fait le reste, en silence. Un silence dont la faune est toujours très friande. Depuis la Tour de la Vigie, le point culminant du site, on peut tous les observer, flamants roses, cygnes, hérons cendrés, canards, foulques, cormorans, aussi vrai que dans les trous des murs de soutènement des collines artificielles, ont élu domicile des colonies de couples de choucas et que dans certains arbres nichent de majestueux milans.
La Poudrerie est devenue un fantastique lieu de vie, un îlot de nature, elle participe grandement à contrecarrer l'image d'un Etang de Berre en perdition rongé par les industries lourdes et l'urbanisation.
Elle est de l'autre rivage, cette lisière nord qui du delta de l'Arc jusqu'aux abords d'Istres s'affirme de plus en plus pour ce qu'elle est, rare et belle. Ce que la nature aidée par l'homme a su refaire, à nous tous maintenant d'en user sans en abuser, pour l'avenir du site, pour cette merveilleuse paix enfin retrouvée ; là où la poudre a tant parlé.

Texte : Miramas Info (mai 2002)

Voir images

Vers la Poudrerie (histoire)

Vers l'Office de Tourisme (lieux à visiter)

Ouvertures : Tous les mercredi après-midi et les 1er et 3ème dimanche de chaque mois