Anecdotes Historiques

Une Histoire de Pierres.
(Le Drain des Moines).

Par Jean Courrent.

Tous les habitants de Saint-Chamas et des environs, sans compter les touristes de passage, connaissent bien le monument le plus célèbre de notre commune : le Pont Flavien.

Celui-ci érigé entre 10 et 15 av J.-C. avait été financé par un riche notable, citoyen romain d’origine indigène, probablement arlésien, un « évergète » (généreux donateur) surnommé Flavus, pour franchir la Touloubre, sur la voie romaine reliant Arles à Marseille.

Mais ce qui est moins connu et souvent d’accès difficile c'est perdu dans les bosquets de pins et de broussailles ; les carrières d’où ont été extraits les blocs de calcaire nécessaires à son édification ; carrières difficilement identifiables et datables, d’autant plus quelles ont été souvent réouvertes et ré-exploitées lors du tracé de la ligne de chemin de fer Miramas-Marseille (ex Paris - Lyon- Méditerranée) qui traverse le territoire communal.

Concernant les travaux de carrière ou d’excavation, il faut d’ailleurs mentionner une curiosité peu connue du grand public, le curieux (et contesté) « Drain des Moines ».

Le long de la départementale 16 bis Saint-Chamas - Grans, sur le plateau au lieu-dit « Quartier Barbette », existe une légère dépression à fond sans doute marneux, qui se remplit tel un petit lac périodique suivant les années à plus forte pluviosité (ce fut le cas en 1978 où le lac couvrit environ 2 hectares).

Au moyen âge, ces terres, apanage comme le reste de la région de la puissante seigneurie des Baux, furent exploitées, puis échurent à des moines qui assainirent le vallon en creusant au pic vers le début du XVIIIème siècle, une tranchée profonde et étroite (presque 6 mètres par endroits et rarement plus de 70 centimètres de large) qui suit le pendage des couches de roches dirigé vers l’Etang de Berre. L’eau de pluie excédentaire ainsi drainée, après une section à l’air libre, descendait en galerie souterraine couverte de gros blocs de 30 à 40 centimètres d’épaisseur sur une longueur totale d’environ 1700 mètres, pour ressortir à peu près à l’aplomb de la Bibliothèque Municipale actuelle où elle générait probablement une fontaine épisodique, d’où la double utilité de ce prodigieux travail.

Je suis descendu à l’intérieur de cette profonde saignée, je l’ai parcourue sur 200 mètres environ ; elle est aujourd’hui bouchée en grande partie sous ma propriété.

Un problème vient à l’esprit : pourquoi ces religieux travailleurs et opiniâtres n’ont-ils pas utilisés les explosifs ?

Ils étaient bien placés pour s’en procurer (la Poudrerie de Saint-Chamas était en production depuis le milieu du XVIIème siècle).

Souci d’économie ou plutôt souci religieux de ne pas utiliser une « technique diabolique » ?

La question, après d’autres incertitudes concernant notamment la datation précise de cet ouvrage, mérite d’être posée.


Le Boulevard Joliot-Curie.

Par Lucienne Ruault.

            Une bibliothèque, des villas, une usine de stores métalliques et autres, une école, un collège, un lycée, un lotissement, des immeubles, c’est le boulevard Joliot-Curie.

            La « bib » c’était l’Odéon. En ont-ils entendus des serments et des promesses les murs de ce bon ciné de notre jeunesse ! Seule l’originale façade a été conservée.

            Avant, c’était « le chemin des Poudres » --Lou Camin dei Poudro—Pourquoi ? : La Poudrerie de Saint-Chamas fut longtemps la principale activité du village. Vers 1880 ( ?) il fut décidé que toutes les poudres à destination de la Corse et de l’Algérie seraient embarquées au Port de Saint-Chamas. Vive colère et inquiétude de la population et des pêcheurs : les charrettes lourdement chargées traversaient le village en branlant dangereusement sur les calades menant au port, où les barils de poudres empilés sur les chalands restaient à quai assez longtemps au risque d’une explosion toujours possible.

            Finalement après de nombreuses réunions entre M. Sarnègues, maire de l’époque, la Poudrerie et les Pouvoirs publics, il fut décidé de bâtir un débarcadère au quartier Veiranne.

            De la Porte Boisgelin à l’embarcadère les convois empruntaient la route de Miramas – le chemin du « Valat » des vignes—(qui devint pour tout le village « chemin des Poudres » ou « Camin dei Poudro ») et le Guéby.

            Ce chemin du Valat ou ruisseau des Vignes désignait un petit chemin serpentant entre vignes et jardins, (remplacé par le quartier des Ferrages) : Un petit canal d’arrosage le bordait. Vignes et jardins ont disparus, le canal a été recouvert. Restent les constructions actuelles de l’actuel Boulevard Joliot-Curie.


Les lavoirs de Saint-Chamas.

Par Josette Bordes.

            Tôt le matin, on pouvait voir une ménagère qui poussait une « baladeuse » chargée de la lessiveuse, de la corbeille de linge surmontée d’une pièce de savon et du battoir, et de la caisse à laver remplie de paille, avec un coussin. Elle se dirigeait vers l’un des lavoirs du village.

            Peut-être le Petit Paris en contrebas de la place du même nom baptisée depuis place Bétirac.

            Ou bien sur le Boulevard, « Le Babillon » le bien nommé, car il tirait son nom du babillage des lavandières. Il était situé dans un enclos ce qui le rendait plus intime.

            Un peu plus loin, le Fossé des Vignes était séparé du chemin des Poudres par un alignement de villas.

            Si elle allait vers le Pertuis, ayant passé sous le Pont de l’Horloge, elle pouvait en longeant la rue du Vallat, devenue Victor Ferrier, joindre le lavoir du Trou, à l’extrémité de la place de la Sente, où de nombreux étendoirs courraient sur une herbe souvent hérissée de joncs

            En continuant le long de la « Mer », passé le Port et la Sourcette, elle atteignait le Gour que seul un rideau d’arbres séparait de l’Etang.

            Toujours en longeant la rive, elle pouvait arriver au Polygone où le plus vieux lavoir, datant du XVIIIème siècle, était autrefois réservé au lavage du linge des contagieux, linge qu’on faisait blanchir et sécher sur l’herbe.

            Après la démolition de la chapelle des Pénitents Blancs, un dernier lavoir avait été construit : il était prévu pour laver debout et était apprécié des ménagères à qui il évitait les maux de reins des lendemains de lessive.

            La diversité des lavoirs permettait donc à chacune de choisir celui qui lui convenait le mieux.


Jean Surian 

Par Géraldine Surian.

Voici le récit de Jean Surian, mon ancêtre...

Jean Surian est plus exactement mon arrière, arrière, arrière, arrière, arrière grand père.
C’est donc mon ancêtre à la huitième génération.

Il est né le 20 février 1768 à Saint-Chamas, petit village situé sur les rives Nord de l'Etang de Berre, dans les Bouches du Rhône.
(A cette époque, c’est Louis XV qui règne sur le royaume français.)

Son père, Charles Surian est qualifié de « travailleur « par les actes paroissiaux,
il vit donc de petits travaux journaliers : récolte d’olives, travail au moulin, pêche et travaux des champs.
Charles est âgé de 32 ans quand naît Jean Surian (le héros de mon récit)...
Le parrain de Jean Surian est Jean Estournel et la marraine Marguerite Roustand et le prêtre est Balthazar.

Charles est marié à Suzanne Hugues, elle n’est sans doute pas de la région, car je n’ai pas trouvé leur acte de mariage (sans doute vers 1760).
(On trouve d’ailleurs à cette époque un Guillaume Hugues à Saint-Chamas, originaire de Saint Laurent des arbres, diocèse d’Avignon, peut être y a t’il un lien à faire entre ces deux personnes ?)

A cette époque, les actes paroissiaux ne mentionnent pas le lieu précis d’habitation des personnes, on ne peut donc pas savoir où vit la famille de Charles Surian à Saint-Chamas, le Pertuis ou le Delà... ?
Quelques mois après la naisance de Jean, c’est son frère Jean Charles qui décède , il est âgé d’à peine 2 ans.
Premier deuil pour la famille.
Viendra ensuite la naissance d’une petite sœur qui ne vivra que 12 jours, Magdeleine Henriette, à cette époque la mortalité infantile est très élevée...
Puis un frère, Joseph Charles en 1772.


La naissance d’un fils pour les familles est toujours de bonne augure, c’est un signe de fertilité et de force, mais c’est aussi une bouche de plus à nourrir pour les familles pauvres.
Et les temps sont durs pour ces familles si modestes, on dirait aujourd’hui qu’elles vivent dans « la précarité ».

Le 10 mai 1774, c’est la mort de Louis XV (le bien aimé) à Versailles...

Le 16 octobre 1775 c’est le frère aîné, Girard Surian qui décède à 14 ans.
A cette époque le prénom Girard n’est pas rare.
Une grande perte pour la famille que de voir disparaître ainsi le fils aîné, qui de plus, devait déjà commencer à aider le foyer par de menus travaux.

Le 22 mars 1777, c’est la naissance de Marie Magdeleine.
La dernière née de la petite famille Surian.

Car 3 ans plus tard, le 9 janvier 1780 c’est le décès de Charles Surian, il a 44 ans.
Mais 44 ans à l’époque c’est déjà vieux, on est déjà usé par la vie, le dur labeur, le malheur...
C’est donc une famille déjà pauvre et affaiblie qui doit faire face à cette nouvelle tragédie.
Charles laisse derrière lui, une femme qui n’a sans doute plus l’âge et la volonté de se remarier, ainsi que 3 enfants, dont la plus jeune a seulement 3 ans.

Ce sont donc Jean 12 ans et Joseph 8 ans qui feront face à cette nouvelle réalité encore plus dure et difficile qu’avant. 

Le 4 février 1782, Jean Surian, naviguant fils d’André Surian capitaine de barque et Marguerite Chapus, (de lointains cousins à Jean Surian) se marient.
Ce mariage semble des plus prospères, puisque de nombreux artisans participent à ce mariage et que la famille Sauguin semble être de petits commerçants bourgeois.
Mais ces gens ne s’occupent sans doute pas de notre petit Jean qui lutte pour survivre avec les siens.

En 1784, nouvelles vagues de froid, avec de nombreuses chutes de neiges plongent le petit peuple de Saint-Chamas dans la misère.

Une nouvelle révolte éclate, elle est qualifiée de « tumultueuse », des pères et des mères de familles de paysans et d’ouvriers protestent contre la mobilisation de leurs enfants pour la marine, on compte 218 mobilisés à Saint-Chamas...
Louis XVI autorise l’intervention de la France dans la guerre d’indépendance américaine de 1778 à 1783.
Ces marins seront enrôlés dans la marine de Louis XVI pour aider les insurgés américains.

Voici quelques exemples de jeunes saint-chamassiens, partis à l’autre bout du monde pour une guerre dont ils ne comprenaient pas les intérêts.

JUGE Henry Matelot St Chamas Combat du 6/7/1779 brûlure à la main 
MICHEL Jean Bapiste Matelot 
SILVESTRE Jacques Matelot 
SILVESTRE Joseph Matelot 
AUBERGE Jean Matelot 
DEVAUX Joseph Officier marinier 
DEVEAU Jean Joseph Matelot 
LARDEYROL Joseph Aide pilote. Mort le 1/2/1781
CHAPUS Amant Matelot 
LEYDET Joseph Matelot 
SIMON Jean Matelot 
ARDISSON Honoré Matelot. Mort au combat le 17/4/1780
DARBEC Antoine Matelot 
FABRE Henry Matelot St Chamas 29 FABRE Joseph Matelot 
GUILLAUME Jean Matelot 

Des matelots que connaissaient sans doute Jean et Joseph. Des matelots aussi qui ne sont probablement jamais revenu de leur aventure du bout du monde... 

La Révolution Française éclate....1789...

Jean alors âgé de 21 ans, décide de se marier.

On peut sans doute se demander si l’amour tient une place dans ce mariage de la fin du XVIII siècle.
On dit qu’il naît plus tard, au fil de la vie quotidienne...
De même la beauté n’est pas prise en compte pour la décision de se marier, au contraire on privilégiera la loyauté, le courage, l’honnêteté et la sagesse.
Dans tous les cas c’est à l’homme de faire le premier pas.
Entre temps, dès l’âge de 13 ou 14 ans, les jeunes filles préparent leurs trousseaux pendant des années.
On se mariait souvent tard, car les jeunes gens devaient avoir de quoi s’établir et devaient bien souvent attendre le décès de leurs parents.

C’est le cas ici , car Jean a perdu son père mais il lui reste sa mère.
Et pour la jeune mariée, Jeanne Bourguignon, c’est tout autre , elle est orpheline, elle a perdu son père vers 1787, alors qu’elle était âgée 17 ans, sa mère elle est aussi semble décédée.
Mais Jeanne Bourguignon a de nombreux frères et sœurs qui ont du l’élever et subvenir à ces besoins.
Elle n’est donc pas seule.
Jeanne semble être née en 1770 à Saint-Chamas.
Son père est Pierre Bourguignon et sa mère Magdeleine Chabert, ils semblent avoir eu plus d’une dizaine d’enfants.
Pierre a sans doute gravi peu à peu les échelons puisqu’il passe de simple bastier ( c’est un sellier, fabricant des selles grossières pour les bêtes de somme, il vend aussi des accessoires tels que des brides, sonnettes, grelots...) , à maître Bastier puis à maître Bourrelier (ou appelé aussi le marquis de la Croupière).
Quand on survole les actes, on y dénombre un Claude Bourguignon Bastier, peut être le grand père de Jeanne Bourguignon.

Pierre a sans doute lui, aussi laissé à sa mort, une famille dans la précarité puisque ces fils à leurs mariages, sont qualifiés de travailleurs et non de petits artisans.
Avant Jeanne Bourguignon, se seront ses frères et ses sœurs qui se marieront.
Léger Bourguignon en 1776, Marthe en 1782 avec Louis Sauvaire cultivateur (de Miramas) et Pierre en 1784.

Et le 23 novembre 1789 c’est au tour de Jeanne 19 ans et de Jean 21 ans.
Ils se marient, et ont fait auparavant les 3 publications de bancs obligatoires.
La présence d’un curateur de l’épouse est mentionné, Joseph...
Sans doute parce que la mariée est orpheline et mineure.
(la majorité à cette époque est fixée à 25 ans.)

On constate qu’il a comme témoin au mariage le parrain de Jean Surian, Jean Estournel, 
Jean Flamen menuisier et juge tailleur. 



1789, c’est aussi une terrible année puisque 30 000 oliviers sont coupés à la racine, et l’olivier est, ne l’oublions pas la première richesse de Saint-Chamas.
L’huile d’olive sert de monnaie d’échange et les olives à la picholine, un objet de commerce important.

6 mois après le mariage, c’est à dire le 26 mai 1790, c’est la première naissance pour le couple, Jean Pierre Surian.
Cette naissance prouve donc bien que l’acte amoureux c’est produit bien avant le mariage...
Habituel ou interdit formellement par l’église...
Les deux, je pense ! ! !
Habituel parce que ces jeunes gens vivent à la campagne et qu’ils est donc plus facile pour eux de disparaître quelques moments sans la surveillance de leurs aïeux...
Est formellement interdit tous actes amoureux en dehors du mariage, n’oublions pas que la conduite et les actes de nos ancêtres ne sont dictés que par la religion.
Se sont ils mariés parce qu’elle était enceinte, Jean est il vraiment le père de Jean Pierre, est ce là un véritable indice de leur « vrai » amour ?
On ne saura jamais répondre à ces questions, malheureusement...

Que nous apprend cette première naissance ?
On a apprend que le couple vie au Pertuis.
Elle est appelée aussi section de l’Egalité durant la révolution (contrairement au Delà appelé la Liberté).
La section de l’Egalité a peu changé depuis sa création au début du XVII siècles.
L’étang arrive à la rue Marcel Bœuf et le quartier s’arrête au champs de Mars.
La plupart des maisons qui n’ont pas souffert des éboulements du Baou sont bâties contre la colline, les rues du Pertuis ont peu changés.
Seules les maisons n’ont pas leurs dispositions actuelles.
En général elles ont un cœur, leur rez de chaussée est une étable dans lesquels vivent cheval, mulet ou âne , poules, canards et chèvres...
Le tas de fumier est contre la maison.
On n’a pas de problème de tinette car tout sert à faire de la fumure, même la rue dont les trous sont remplis de paille.
Dans ces conditions on est pas étonné du nombre de maladies endémiques qui ravagent la section de l’Egalité durant cette période.

En 1790 on apprend donc que Jean Surian est qualifié de travailleur et que le parrain de Jean Pierre Surian est Pierre Blanc.

Le 17 décembre 1792, c’est la naissance d’une petite fille, Marie Elisabeth.
Jean est alors qualifié de Poudrier par les actes paroissiaux, la Poudrerie Royale est à ce moment là dirigée par Bottée Toulmont, elle est une source de danger et d’ennui, son importance croit lorsque la patrie est déclarée en danger.
Mais la petite fille décède âgée de 8 mois, le 10 août 1793.
Le témoin est Joseph Bourguignon, sans doute le frère de Jeanne Bourguignon. 



On compte d’après le recensement de Port Chamas (nom révolutionnaire de Saint-Chamas) en 1793 : environ 2700 habitants.

En 1793, c’est le régime de la terreur en France...
Et Saint-Chamas n’échappe pas à cette règle, une année de procès, assassinats...
Il  y eut à Saint-Chamas des guillotinés (eh oui chez nous aussi ! ! !) : j’en ai recensé 3 pour le moment, Chapus Agnès , veuve Henrigne, Clerc François (propriétaire agriculteur) et Mauran Guillaume (médecin et officier municipal), tous les trois condamnés le 18 germinal an II.

Le 15 juin 1793, une enquête est ouverte pour dénoncer les fauteurs de troubles :
Marguerite Sauguin, épouse du capitaine naviguant Jean Surian (un lointain cousin), 36 ans est emmenée en prison par Devoulx .
On lui demande s’il en a l’ordre, il répond « non » et réussit, malgré tout à l’emprisonner en la traitant de « putain d"aristocrate ».
Elle avait propagé le propos sanguinaire « il fallait qu"il marchât dans le sang jusqu au genoux ».

C’est une population sous alimentée et donc encore plus misérable que les années pré révolutionnaires.
A cette époque 1/3 de la population de Saint-Chamas est qualifiée de travailleurs.

Le 16 avril 1794, Marie Magdeleine naît...
Encore une fille pour le couple qui souhaite avant tout un garçon, pour aider le foyer.
Mais 9 mois après en janvier 1795, la petite décède...
Le froid, la disette, les maladies infantiles, on ne peut connaître les causes de ces nombreux décès infantiles.
C’est pour cela nos ancêtres se hâtaient de baptiser les nouveaux nés 2 ou 3 jours après leurs naissances, afin qu’ils ne décèdent pas avant d’être baptisés, choses terribles pour nos aïeux si croyants.

« Le 24 thermidor de l’an III, une insurrection générale a eu lieu à la Poudrerie.
La direction de l’usine souhaite que JB Silvestre soit arrêté et puni de 3 jours de prison et qu’il soit renvoyé à la marine pour y faire le service auquel il est attaché ».
L’usine a poudre est dangereuse pour deux raisons : l’intensité des fabrications de poudres noires et le manque d’expérience des requis qui préfèrent déserter plutôt que d’affronter un tel danger.

On peut donc se demander si Jean Surian travaille à la Poudrerie volontairement ou si il y est forcé par la commune révolutionnaire.

En 1795, une autre naissance de fille, Marie Surian mais l’enfant décède le 28 mars 1797, âgée de 2 ans. Jean n’est plus à cette époque poudrier, il est qualifié de cultivateur.

Le 30 mars 1797 soit 2 jours après le décès de la petite Marie, c’est mon aïeul Jean Surian qui meurt dans sa maison d’habitation âgé de 31 ans, de maladie ordinaire.

Voilà, il laisse derrière lui, une famille dans le deuil et la souffrance.
Une veuve enceinte de 7 mois, et un petit garçon âgé de 7 ans...

Le 8 mai 1797, c’est le mariage du frère de Jean, Joseph Charles Surian, il est alors âgé de 25 ans. Il se marie sans ses parents et sans son frère, tous dorénavant décédés...
Il est travailleur et se marie avec Marie Thérèse Boret à Saint-Chamas.
Elle aussi est issue de la classe des travailleurs, ils sont donc du même milieu, elle a 24 ans. 
Joseph Charles Surian sera ensuite poudrier, 

Deux mois après ces terribles évènements, le 15 prairial de l’an V de la république (le 3 juin 1797), Jeanne Bourguignon a accouché à 2 heures du matin aidé par Elisabeth Canelle, sage femme âgée de 43 ans et domiciliée section de la Liberté.
Jeanne accouche de 2 petites jumelles, Suzerie Jeanne et Claire Virginie.
Mais un mois après, Claire Virginie décède.
Ensuite c’est Suzerie qui décèdera le 14 novembre 1797, âgée de 5 mois.

L’année de 1797, restera longtemps gravée dans la mémoire de Jeanne, car elle aura perdu cette année là, son mari, ainsi que ces 3 filles.