L'Étang de Berre

Photo R. Gimet

Pêchée début octobre 2002 à Saint-Chamas.
 Relâchée en mer.

Les beaux jours de l'étang.

Le joli temps de l'étang clair n'est plus.
 Nostalgie des pêches miraculeuses. L'accent seul demeure sur les quais.

C'était du temps où l'étang était beau, salé, clair, comme de l'eau de roche, où l'on voyait danser les algues vertes dans le fond ; où le vent des Dames, l'été, faisait arriver des effluves de mer propre et iodée. L'étang si salé, qu'il était bordé par endroits, d'énormes damiers blancs appelés "Salins de Berre". Notre petit port abritait toute une flottille de bateaux de pêche. Le plus souvent on naviguait à voiles, les moteurs ne servaient qu'à dépanner au cas où il prendrait envie au Dieu Éole de faire un caprice.

Le jour à peine levé, on entendait partir l'armada des pêcheurs qui allaient relever les filets mouillés la veille. Les"Chiron" Jeanneau, Laroche, Carlu, Le Bourgeois se disaient bonjour bruyamment, sautaient dans leur bateau et prenaient le large.

A leur retour, leurs femmes étaient sur le quai pour aider à trier le poisson. Les petits "canadelles, roucaou, crevettes, girelles" dans les caisses pour la soupe. Les gros, tels que loups, muges dans d'autres caisses. Il y avait parfois des muges poutarguiers, ceux qui portaient dans le ventre la célèbre poutargue que l'on disait être meilleure que le caviar (et c'est peut-être vrai !). Ceux là, ils les connaissaient et les gardaient souvent pour eux. La poutargue serait séchée sur des fils tendus au grenier. Elle régalerait les agapes de Noël ou servirait d'entrée avant une bonne bouillabaisse.

Professionnels et amateurs.

Lorsque la pêche était trop conséquente pour la criée, les femmes prenaient des carrioles, (les mêmes qui servaient pour aller faire la bugade) et partaient dans les rues ou sur la route en criant à s'époumoner : "Au peï ! Il y a de tout et ça dégouline encore ! ". Il y avait aussi des arrivages d'oursins et de moules, si bien qu'une véritable petite industrie s'était crée sur le quai et dans les remises proches du port. Des femmes débarrassaient les coquillages de leur gangue et des herbes. Elles les calibraient car ils étaient destinés à la restauration et à l'exportation. L'étang était un véritable parc naturel et ses moules jouissaient d'un véritable renom. Un proverbe bien de chez nous dit : "Désan Chamas, n'es jamais sorti dé marri musclé" . ("De Saint-Chamas, il n'est jamais sorti de mauvaises moules").

Mais il n'y avait pas que les pêcheurs professionnels qui sillonnaient l'étang. Il y avait aussi ce que l'on appelle des plaisanciers. Des amoureux du vent du large qui, ayant acheté un bateau, occupaient leurs loisirs dès les beaux jours venus, à jeter leurs filets appelés "ganguis" dans les endroits poissonneux. Ils retiraient toujours (grosse ou petite) une soupe de canadelles ou de moules qui, à la friture régalaient la famille et les invités du dimanche. Parfois de beaux muges sautaient dans leurs filets. On les faisait griller sur la braise, en arrosant de temps en temps d'huile d'olive, une feuille de laurier servant de pinceau.

A l'époque des oursins, qui commence à l'automne, ces châtaignes de la mer restaient accrochées dans les filets. Des oursins pleins et roux à souhait, dont on emplissait les corbeilles. Il n'y avait plus qu'à avoir la patience de les ouvrir.

Mais l'étang n'est plus ce qu'il était. Le progrès est venu, amenant avec lui, l'envers de la médaille. La question se pose. Reverrons-nous l'étang quand il était beau, salé, clair comme de l'eau de roche et où l'on voyait danser les algues vertes dans le fond ?

 


L'embouchure de la Touloubre.
Tableau de Maurice Berle.
Collection privée.

Golfe de la Poudrerie.
Photo : Jacques Lemaire.

Anse de la Poudrerie.
Flamants roses au lever du jour.
Photo : Jacques Lemaire.

Saint-Chamas.
Couple de cygnes tuberculés au soleil couchant.
Photo : Jacques Lemaire.

Port du Passet (Berre).
Cygnes tuberculés, goélands, mouettes rieuses.
Photo : Jacques Lemaire.

Miramas village.
Foulques.
Photo : Jacques Lemaire.

Photos : Jacques Lemaire.

L'étang vu par les élèves de 4ème A B C D du collège René Seyssaud


Des sites qui en disent plus que tous les discours.


Partant du principe que tout le monde a la parole, il n'y a pas d'intentions politiciennes dans cette page.
Laissons à tout un chacun le droit de s'exprimer.

(Dans la correction et le respect mutuel bien sûr !!!)



Gérald Fuxa, le nageur de l’étang.


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